mardi 6 janvier 2015

Le temps des questionnements


Une page à peine tournée, nous entamons déjà la réflexion sur le chapitre suivant. Ou plutôt nous la continuons. L’idée de base est d’avoir une maison bien isolée, voire très bien isolée. Donc étanche à l’air. Évidemment, il ne s’agit pas de vivre dans un bocal où chaque pet provoque une alerte au grisou, et il nous faut donc un système de ventilation. C’est la VMC, que nous aimerions « double flux », mais vu la pente budgétaire quelque peu glissante sur laquelle nous nous trouvons déjà, pas sûr que ce soit possible d’entrée de jeu.

Ce qui est certain par contre, c’est qu’il faudrait qu’on installe au minimum les conduits d’aération, parce qu’il n’est pas question de rouvrir tout le bazar le jour où on sera prêts. Grosso merdo, il y a deux solutions pour la ventilation : la distribution et la pieuvre.

La distribution, c’est quelques gros tuyaux (on parle de genre 15-20cm de diamètre) qui deviennent de plus en plus fins au fur et à mesure de leur progression dans la maison et qui distribuent l’air dans les différentes bouches de ventilation. L’avantage, c’est que ça demande relativement peu de tuyaux, mais il est contrebalancé par de gros inconvénients : 



  • Les tuyaux sont énormes à certains endroits, donc c’est franchement périlleux de les cacher dans les faux-plafonds ou les murs
  • Le calcul des débits et des pertes de charge dans le système est super complexe, et si on ne veut pas vivre avec un soufflet de forge dans les oreilles, il y a intérêt à ne pas se louper
  • Le conduit de distribution distribue l’air, l’air porte le son, et quand notre futur grand ado rebelle mettra [compléter ici le nom de l’artiste dégénéré qui sera à la mode dans 15 ans] à fond dans sa chambre, les parents reliront leur blog de chantier en pleurant sur leurs choix malheureux

La pieuvre, c’est au contraire un tuyau par bouche d’aération, qui se connectent tous à l’unité centrale de ventilation. Évidemment, ça fait un sacré paquet de tuyaux, surtout que notre maison est assez volumineuse. Mais les avantages sont également importants : 

  • Des conduits plus fins (genre 9 cm de diamètre), donc plus faciles à cacher un peu partout
  • Pas de communication créée entre les pièces, donc seule l’unité centrale peut faire office de centrale d’écoute
  • Tous les conduits de distribution sont les mêmes partout dans la maison, donc les problèmes de débit et de bruit de soufflerie sont beaucoup moins compliqués à gérer.

Vous l’aurez compris, on s’oriente tout de même plus vers un système pieuvre que vers un système distributif, mais ça ne résout pas pour autant tous les problèmes. Le principal est évidemment « où faisons-nous passer tous ces tuyaux ??? »

L’idée de base point de vue isolation est de fixer aux murs (à l’intérieur, …) une structure bois CLS de 140mm. Sur cette structure, on applique le freine-vapeur (pro-clima DB+ pour les surfaces verticales, pro-clima intello + pour les surfaces horizontales), puis on fait souffler de l’iso-floc (ou autre marque de cellulose) derrière. Ensuite, rebelotte avec une structure bois CLS de 63mm sur laquelle on vient fixer un OSB (12mm a priori) et enfin un gyproc (ou pas d’OSB ni de Gyproc et un Fermacell directement, c’est à voir). Dans cette espace de 63mm dit « contre-cloison technique, on passe toutes les gaines électriques, les arrivées des radiateurs et plus généralement tout ce qu’on ne veut pas voir. On bourre le reste du volume avec tout ce qu’on trouve… Laine de verre, de bois, de roche, de mouton, ou poils de chat… on s’en fout.

L’idée qui se cache derrière cette contre-cloison technique est de pouvoir percer nos murs sans percer le freine-vapeur à chaque fois. L’air de rien, toutes les prises, interrupteurs, luminaires, cadres et autres meubles suspendus font un paquet de trous, et si on ne veut pas se retrouver avec une passoire, mieux vaut s’écarter un peu de la membrane.

Les plus attentifs d’entre vous auront relevé un léger problème dans cette magnifique et implacable stratégie d’isolation. Problème qui peut se résumer comme suit : 63 < 90. Ben oui, on ne pourra pas passer de conduits de ventilation dans la contre-cloison technique. FURT !

À partir de ce constat, il y a plusieurs solutions, qui sont toutes assez chiantes. La première est de faire passer les conduits dans la première couche d’isolant (celle de 140mm). Mais ça veut dire que toutes les entrées et sorties percent le freine-vapeur, et doivent donc être soigneusement étanchéifiées.
Plus encore : ça veut dire que tous ces tuyaux créent des zones où il n’y a pas 14cm d’isolant, mais plutôt 5. Et vu le nombre de tuyaux qu’il y a, ça pourrait créer des ponts thermiques. Et moi, les ponts thermiques, j’aime pas ça. 

L’autre solution est de remplacer la structure CLS de 63 par une de 140, histoire d’avoir une contre-cloison technique bien balèze. Ça, c’est chiant parce que ça coûte cher (le CLS de 140mm coûte 2,5 fois plus cher au mètre courant que le CLS de 63mm), ça nous oblige à remettre encore une grosse couche d’isolant par-dessus (ce qui n’est pas gratuit non plus), ça réduit l’espace disponible dans la maison et ça épaissit encore un peu plus les murs – on en arriverait à certains endroits à des murs de 60 + 14 + 14 + 1,2 + 1,2, soit pas loin d’un mètre d’épaisseur… 

La troisième solution est de faire passer tout ça dans le plancher qui sépare le rez et le premier, de faire des bouches d’aération au plafond en bas, et de remonter dans les cloisons en haut. Mais il n’y a pas de miracle, ça nous oblige à créer un faux-plafond de 140 mm –ce qui n’était évidemment pas prévu à la base, vu qu’il n’y a pas de freine-vapeur à protéger –et ça réduit d’autant la hauteur sous plafond.

Ou alors on ouvre les fenêtres et on envoie bouler tous ces tuyaux à la con. Mais en hiver, ça risque de pas mal refroidir la maison…

Bref… c’est un peu misère, et ça cogite dur dans le train qui m’emmène au boulot, où je serai confortablement assis sur une chaise de bureau, sans aucune brouette à transbahuter, sans aucun plancher à dézinguer et dans la douce chaleur de la civilisation. Parfois, c’est bien de sortir de son chantier !

1 commentaire :

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